Entre effet d’annonce et imprécisions réglementaires, les collectivités locales réclament de la cohérence
À six mois de l’ouverture de Pollutec 2025, les acteurs de la gestion des déchets plastiques sont en pleine incertitude stratégique. Le gouvernement a bien annoncé, le 31 mars, un « plan d’action sur le recyclage du plastique », censé réduire l’impact environnemental et financier de la France — notamment via la baisse de la taxe plastique européenne (1,5 milliard d’euros par an). Mais à l’heure actuelle, aucune feuille de route détaillée n’est disponible.
Or, les enjeux sont massifs. D’ici 2025, 100 % des emballages plastiques à usage unique doivent être recyclables, selon la loi AGEC. Et pourtant, à peine 60 % des plastiques disposent aujourd’hui d’une filière de recyclage structurée en France.
La France en retard, sous pression européenne
En 2023, le taux de collecte des bouteilles plastique n’a atteint que 55,3 %, selon l’ADEME — loin des 90 % exigés au 1er janvier 2029 par la directive européenne.
Le rapport d’étape de Citeo confirme que malgré l’extension des consignes de tri à tous les emballages, le gisement reste sous-exploité : +3 kg/habitant/an depuis 2011, mais encore insuffisant pour sécuriser les investissements industriels nécessaires.
Ce retard a un coût : la France est le premier contributeur à la « taxe plastique » en Europe, avec 21,90 €/habitant, bien au-dessus de la moyenne de 15,89 €. Une situation qui justifie l’ambition du nouveau plan annoncé… mais qui ne suffit pas à rassurer les territoires.
Consigne : Le débat qui fâche les collectivités
Le gouvernement temporise toujours sur la consigne pour recyclage, pourtant soutenue par 17 pays européens et des industriels du secteur.
En Allemagne, elle permet d’atteindre 98 % de collecte des bouteilles ; en Lituanie, de 34 à 92 % en deux ans.
Mais les collectivités françaises, très majoritairement opposées à la consigne, y voient un danger pour l’équilibre financier des filières locales et une perte de maîtrise sur les flux de déchets.
À défaut d’arbitrage clair, la situation s’enlise… et nourrit la défiance.
Un recyclage techniquement et économiquement sous tension
La promesse d’un recyclage vertueux se heurte à plusieurs réalités :
- Seuls 61 % des plastiques (principalement PET et PEHD) sont aujourd’hui recyclés mécaniquement.
- La majorité des plastiques complexes ou souillés sont encore exclus des circuits de recyclage — le PS, les films multicouches, ou les PET opaques.
- Le recyclage chimique, présenté comme la solution d’avenir, reste marginal et coûteux, avec peu de projets réellement opérationnels malgré des années d’annonces.
L’État mise pourtant sur des taux d’incorporation ambitieux : 50 % de matière recyclée dans le PET, 65 % dans les bouteilles plastiques d’ici 2040 selon la directive PPWR.
Des objectifs qui, selon plusieurs parlementaires, dépassent largement les capacités de la filière française et renforcent notre dépendance à des importations extra-européennes.
À Pollutec, les collectivités chercheront des réponses
La tension monte. Les collectivités, premières concernées, se préparent à faire entendre leur voix à Pollutec 2025, salon clé de l’innovation environnementale, du 7 au 10 octobre à Lyon Eurexpo.
Elles veulent :
- Des engagements précis, datés et financés ;
- Une stratégie claire sur la consigne et ses impacts ;
- Des solutions concrètes pour atteindre les objectifs européens de 2029.
Crédit photo : Pollutec
Autres sujets sur le même thème
Pollutec 2025 : L’essor du recyclage et de l’économie circulaire
Pollutec 2025 : Le rendez-vous incontournable des solutions environnementales